Quand on est comme moi contre le modèle d’affaires du Huffington Post, cette journée de lancement de sa « franchise » québécoise donne le haut-le-coeur. L’événement attire le gratin médiatique (dans son sens le plus large) et il est bien difficile de ne pas préjuger des valeurs de tout ce beau monde. Je fais tout pour me retenir de le faire, et c’est sans doute en partie ce combat intérieur qui me donne la nausée…
Bon, au-delà du côté émotionnel, je crois qu’il y a encore du jus à tirer de cette apparition dans notre univers médiatique et de ce qu’implique ce modèle d’affaires basé sur beaucoup de bénévolat. Marie-Claude Ducas, qui prend la défense du HuffPost étant donné qu’elle y participe, et qui en plus doute que Le Globe puisse un jour rémunérer ses blogueurs participants, écrit :
Si vous le voyez comme moi, la dame avoue que la contribution du web au niveau de l’information est très importante, mais pas assez pour mériter une part du gâteau des retombées financières, enfin pour les blogueurs. D’ailleurs, Nathalie Collard rapportait sur Twitter les propos d’Arianna Huffington lors de sa conférence de presse qui se tenait cet après-midi, que je traduirai librement comme suit : la pratique du blogue n’est pas du journalisme professionnel, mais bien de l’expression personnelle.
Nul doute que ces propos visent à justifier l’utilisation gratuite des écrits des blogueurs, encore. Ça me surprendrait que ce soit seulement pour la beauté de la chose. Alors, si on extrapole, pense-t-elle que l’expression de soi, quelle qu’elle soit, ne vaut pas grand-chose au niveau monétaire? Et il n’est pas difficile de faire le pas vers tout ce qui touche à l’expression artistique… Vous vous douterez bien que cela me touche particulièrement. Parce que je suis un blogueur forgé à même une démarche artistique. Alors pourquoi l’énergie que je mets en ce moment à vous écrire, bien qu’elle ne soit pas encadrée par des règles journalistiques, ne pourrait-elle pas avoir une valeur monétaire? Je ne dis pas non plus qu’elle doit en avoir, mais le discours d’Arianna Huffington semble vouloir occulter cette possibilité, enfin, pour le bien de sa cause, de ses poches et des poches d’AOL.
Comme le hasard fait bien les choses (!), Olivier Niquet publiait hier un billet au sujet de l’ouverture du HuffPostQc. Il débute ainsi :
Venant de celui qui a créé Cent Papiers (le premier site québécois de « journalisme citoyen » à avoir vu le jour), c’est plutôt surprenant. Mais plus loin, il écrit :
je serais beaucoup plus à l’aise avec le Huffington Post s’il s’agissait d’un organisme sans but ratif. Si ses revenus ne servaient qu’à assurer le fonctionnement du site, la rémunération de ses éditeurs et sa promotion, il serait beaucoup plus légitime de ne pas payer les participants.
Ça m’a rassuré. Je ne suis pas fou. Le sujet de la légitimité du modèle d’affaires n’est pas un non-sujet, et critiquer ceux qui y acquiescent de quelques manières que ce soit n’est pas gratuit (sans jeu de mots…). Mais bon, c’est bien évident que Le Globe, par la faute de ma plume, va passer pour le gros méchant « casseux de party » en cette journée de célébration.
Sérieux, y’a vraiment de quoi célébrer? Je ne m’avancerai pas plus que de vous laisser sur un tweet d’un dénommé Eric Diamond, qui va comme suit :
Même avec l’information on donne nos ressources… #HuffingtonPostQuébec
Pour poursuivre votre lecture à ce sujet :
http:///2012/01/pourquoi-le-huffington-post-a-echoue-en-angleterre/
http:///2012/01/re%cc%81mune%cc%81ration-des-blogueurs-e%cc%81thique-ou-utopique/
http:///2012/02/huffington-post-que%cc%81bec-entre-autres-ampute%cc%81-de-dix-personnalite%cc%81s/
http:///2012/02/huffington-post-quebec-lethique-sous-le-tapis/
http:///2011/12/un-tapis-rouge-souille-pour-le-huffington-post//